11 février 2023
Depuis la mi-2021, le monde confronte une recrudescence aiguë de la 7e pandémie de choléra, caractérisée par le nombre, l’ampleur et la convergence de multiples épidémies, la propagation dans des zones exemptes de choléra depuis des décennies et des taux de mortalité alarmants.
En 2021, 23 pays, principalement des Régions de l’Afrique et de la Méditerranée orientale de l’OMS, ont notifié des flambées de choléra. Cette tendance s’est poursuivie en 2022, 30 pays parmi cinq des six Régions de l’OMS ayant notifié des cas ou des flambées de la maladie. Parmi ceux-ci, 14 n’avaient pas notifié de choléra en 2021, y compris des pays où la maladie n’est pas endémique (Liban et Syrie)i,ii ou des pays qui n’avaient plus notifié de cas depuis trois ans (Haïti et République dominicaine), tandis que la plupart des autres pays ont signalé un nombre de cas et des taux de létalité plus élevés que les années précédentes.
Au 1er février 2023, au moins 18 pays continuent de notifier des cas de choléra (Tableau 1 A et B). Selon les schémas saisonniers, de grandes parties du monde se trouvent actuellement en période de transmission faible ou interépidémique ; ce nombre est donc susceptible d’augmenter dans les mois à venir.
La mortalité associée à ces flambées est particulièrement préoccupante, car de nombreux pays ont signalé un taux de létalité plus élevé que les années précédentes. Le taux moyen de létalité du choléra signalé à l’échelle mondiale en 2021 s’élevait à 1,9 % (2,9 % en Afrique), ce qui est bien supérieur au taux acceptable (<1 %) et représente le taux le plus élevé enregistré depuis plus de dix ans. Les données préliminaires suggèrent une tendance similaire pour 2022 et 2023.
Les facteurs potentiels des flambées et défis ayant une incidence sur les activités de riposte ont été mis en évidence dans le dernier bulletin d’information sur les flambées épidémiques. La progression simultanée de plusieurs épidémies de choléra, exacerbée dans les pays confrontés à des crises humanitaires par des systèmes de santé fragiles et aggravée par les changements climatiques, entrave la riposte aux flambées et pose un risque de propagation à d’autres pays.
La capacité globale à lutter contre les multiples flambées simultanées continue à souffrir du manque de ressources à l’échelle mondiale, y compris en ce qui concerne le vaccin anticholérique oral, ainsi que de l’insuffisance de personnels médicaux et de santé publique, qui doivent confronter simultanément plusieurs épidémies.
Au vu de la situation actuelle, notamment du nombre croissant de flambées et de leur expansion géographique, ainsi que du manque de vaccins et d’autres ressources, l’OMS estime que le risque au niveau mondial est très élevé.